Dis, t'aurais pas vu mon white spirit ? [Pv Yami]

Le tintement familier de la clochette d’entrée sonna à mes oreilles alors que je poussais la porte de la petite boutique, soudainement submergée par la fraicheur d’un hall climatisé. Un frisson agréable me parcouru, je me sentais revivre... ah, qu’est-ce que je pouvais mal supporter la chaleur ! Nous n’étions qu’à peine aux premières semaines de l’été, pourtant, je sentais déjà fondre le peu de résolutions que j’avais eues cette année. Tu sais, sortir un peu, me sociabiliser... faire des trucs de gens normaux, quoi.

Je refermai doucement la porte derrière moi, allant m’approcher de l’accueil. Il n’y avait personne, apparemment... néanmoins, cela ne m’inquiétait pas. J’étais pour ainsi dire... une habituée des lieux. D’ailleurs, très vite, des pas se firent entendre dans une pièce voisine, et un jeune garçon apparu par l’encadrure de la porte.

« Ha, salut Alizire. Tu viens nous filer un coup de main aujourd’hui aussi ?
- Ouais, j’ai besoin de décompresser.

Ce garçon blond au visage souriant, c’est Mikael. Un employé de cette animalerie... ou devrais-je dire, de ce refuge. Bien qu’il soit plus âgé, je crois qu’on s’entendait bien... En fait, je venais souvent donner un coup de main pour m’occuper des animaux. J’y passais beaucoup de mon temps libre, c’était mon petit coin de paradis. Parce qu’il n’y a rien de plus réconfortant qu’un câlin poilu plein d’affection pour te remonter le moral que tout le reste va mal.

- Tu tombes bien, on manque de bras en c’moment... D’ailleurs, tu sais pas la nouvelle ? Spirit s’est encore fait la malle.

Tout en annonçant la nouvelle, le blond rassembla quelques papiers qu’il était venu chercher, les glissant machinalement dans le porte-documents qu’il tenait dans ses bras en soupirant de désespoir. Cette chienne allait le rendre fou un jour. Spirit, c’est une magnifique berger blanc suisse d’un an et demi – je vous laisse deviner pour le nom, hein... oui, les propriétaires d’animaux ont un toujours super sens de l’humour – dont le tempérament était plutôt à la fuite. Pour tout dire, j’étais à peine étonnée, c’était loin d’être la première fois qu’elle nous faisait le coup.

- On a appelé ce matin, un promeneur l’a identifiée grâce à son collier, mais j’ai pas eu le temps de m’en occuper. Tu veux bien y aller pour moi ? J’ai noté l’adresse quelque part...
Il fouilla dans ses poches de sa main libre, en extirpant un bout de papier froissé.
- Ok, j’y vais de suite. Dis, je peux amener Strika avec moi ?
- Hm... si tu veux, j’te fais confiance.
- Thanks ~ allez je file ! »

Je pris le bout de papier qu’il me tendait et filait vers l’arrière boutique, allant chercher ma fidèle compagne dans son enclot. Strika, à l’inverse de Spirit, était une grosse boule de poils toute noire, mais aussi beaucoup moins problématique question caractère. Tu sais, dans un refuge, on ne peut pas mettre tous les chiens ensemble. Un peu comme les humains, certains ont des affinités, et d’autres ne s’entendent pas. Eh bien Strika, c’était celle qui s’entendait avec Spirit. Il parait que ces deux là avaient le même propriétaire avant, elles sont comme deux sœurs. Après, allez savoir pourquoi l’une fait le mur pendant que l’autre attend sagement...

Bref, je filai récupérer ma partenaire pour cette mission et sortis par le portail arrière, passage réservé au personnel évidemment. Voyons, où est-ce qu’on devait aller... l’adresse que Mikael m’avait donnée se situait à la périphérie, de l’autre côté de la ville. Ce serait plus rapide de passer par le centre, mais honnêtement, je n’en avais pas envie... Strika n’était pas habituée à la foule, ça risquait d’être dangereux.

« Ouaf ! ... Ouaf !
- Hein ? »

Cela ne lui ressemblait pas d’aboyer sur les gens. Quelque chose n’allait pas avec elle ?... Attends. Elle me dit quelque chose cette fille. La chienne n’était pas agressive envers elle, c’était plutôt de l’intérêt ou de la curiosité qu’elle manifestait. En tout cas, elle avait attiré son attention.

Cette fille en noir... non, juste une impression, probablement. J’avais toujours eu ce don de mélanger souvenirs et imagination, au point que la réalité des choses m’échappait bien souvent. Le visage de cette personne m’était familier, pourtant il ne m’évoquait rien de plus, ni nom ni souvenir. On se serait pas déjà vus ? Aliz, ma pauvre, t’as pas trouvé plus cliché ? T’essaies de la draguer ou bien ?

Les aboiements de Strika s’étaient tus, maintenant que l’animal réalisait qu’elle avait capté son attention. Un vent léger souffla, le temps d’une hésitation. La jeune femme avait l’air ailleurs, comme perdue dans ses pensées. Mais je n’avais pas de temps à perdre, je devais retrouver Spirit, et puis... honnêtement, ça m’arrangeait d’être pressée, sur le moment. Aussi, alors qu’elle venait vers nous, je tapotai l’encolure de ma partenaire pour la faire décoller de son piédestal, chien de faïence qu’elle était. Sauf que, l’autre passante était aussi intéressée par ma boule de fourrure noire... ta main, fais attention, tu vas te faire...
Dans les faits, elle la mordillait juste. Strika n’était pas méchante, juste un peu... bizarre. Elle mordille la main des gens pour les saluer, en quelques sortes. Beaucoup de gens se font surprendre et prennent ça pour un acte d’agressivité, malheureusement. Et de fait, en retirant leur main brutalement, ils risquaient de vraiment se faire mordre. Mais ici, cela ne semblait pas être le cas...

« Elle appartient au refuge juste ici, je leur emprunte, dis-je simplement en indiquant le bâtiment sur ma droite. On dirait qu’elle t’apprécie... elle s’appelle Strika. Je suis un peu pressée là, si tu veux bien m’excuser. »

La chienne avait lâché sa main pour y fourrer son museau, elle restait silencieuse à l’observer. D’un côté, j’étais toujours heureuse de voir nos animaux s’entendre avec d’autres personnes, comme ces deux là. Je me disais que peut-être, quelquefois, ils repartiraient ensemble. Mais pour l’heure, je devais vraiment y aller...

« Allez, on bouge. C’est ta sœur qu’on doit aller récupérer, j’te rappelle. »

La grosse boule de poils décolla enfin de la passante et nous reprîmes enfin notre route. L’autre bout de la ville, en passant par le tour, ça faisait loin. Raison de plus pour ne pas trainer inutilement, déjà que je ne me sentais pas de courir sous le soleil... heureusement, il y avait des arbres pour border les chemins et fournir quelques ombres où s’abriter des rayons ardents. J’avais hâte d’y être, cette fille m’avait déjà trop retenue en plein soleil.