Raylen Treech - Illusion foudroyante

Mon histoire, ça remonte à loin, avant la création d’Another.

C’était la guerre à l’époque, du moins à c’qu’on raconte. Moi, j’en sais rien, je ne m’en rappelle pas. En fait, j’étais très jeune à l’époque, alors tout ce que je sais, je ne l’ai appris qu’après. Notre clan se tenait à l’écart des conflits, on ne voulait pas leur mort. Alors on aidait comme on pouvait, on faisait de la résistance. On avait souvent des invités dans notre camp, parfois des hybrides de clans rivaux même, ça, je m’en souviens. C’est bizarre de se dire qu’il y avait autant de tensions, car de mon point de vue, c’était une période très heureuse. Il y avait toujours de l’animation, les gens s’entraidaient, je les enviais un peu.

C’est dans ce contexte que j’ai grandi. Il y avait une école au camp, enfin un professeur, qui se chargeait de notre éducation. On était un peu de tous les âges à suivre les cours, mais on s’en sortait plutôt bien. En fait, je crois que j’y ai appris des choses qu’on n’enseigne nulle part ailleurs, et puis, c’était assez convivial. Et évidement, c’est là que j’ai appris l’arcane magique de mon clan. C’est notre héritage, la marque de notre fierté en tant qu’hybrides, et c’est pour cela que je me suis donné tant de mal pour la maitriser. Mais je dois l’avouer, ma réussite, je la dois surtout à mon père. Il était toujours de bon conseil, c’est un peu grâce à lui que j’ai décidé de suivre mon propre chemin. Je ne serais pas devenu la personne que je suis sans sa lumière, je crois que j’ai hérité de son talent pour faire les choses différemment.

Et puis, à cette époque de ma vie, je passais la plupart de mes journées à flâner en solitaire. Je n’avais pas d’amis, enfin personne qui soit vraiment proche de moi. Même si je m’entendais naturellement avec la plupart des gens, j’avais toujours cette sensation de décalage, d’être sans cesse incompris. Je me considérais comme différent, oui. C’était l’évidence, je n’étais pas fais pour ce monde, je ne le comprenais pas. Mais vivre dans cette illusion ne me dérangeait pas, tant que tous étaient heureux ainsi, pourquoi pas ?...

Puis les années on passé, le camp est devenu plus calme, les anciennes rivalités sont revenues. C’est à ce moment que j’ai réalisé que cette vie n’était plus pour moi. Un nouveau chef remplaça le précédent à la tête du clan, beaucoup plus rigide et intolérant. Franchement, cet abruti, je l’aurais bien viré de mes propres mains si j’en avais eut la force. Mais il fallait se rendre à l’évidence, j’étais faible. Mais je gardais en moi la volonté de devenir meilleur. Alors, j’ai quitté le clan pour partir en voyage. Ils étaient beaucoup à trouver cette idée stupide, même ma famille était un peu réticente au début. Tous pensaient que je n’étais pas capable de me débrouiller seul, cela m’a refroidi un peu. Mais c’était mon choix, peu importe la façon dont je regardais, aucune possibilité d’évolution ici ne me plaisait vraiment. Je devais tracer ma propre route.

C’est quelques semaines plus tard, après mon départ, que j’ai rencontré ma muse. En fait, c’est plutôt elle qui m’a trouvé... La vie de voyageur n’a pas été si facile pour moi au début. Quand on se sent faible et perdu, qu’il faut affronter la pluie et la tempête, on ne peut compter que sur soi-même. Mais j’avais eu de la chance de la trouver sur ma route, Azuki. Quand je l’ai rencontrée, c’était une petite fille aux cheveux bleus, une hybride comme moi, mais d’une race différente. C’est la personne la plus attentionnée que j’ai jamais rencontré, mais elle est très timide aussi, je trouve ça mignon. Elle a pris soin de moi alors que j’étais mal en point – même si entre nous, elle s’inquiète beaucoup pour pas grand-chose – et on a fini par faire un bout de route ensemble. En fait, c’est une voyageuse elle aussi, depuis plus longtemps que moi malgré son jeune âge. Je crois qu’elle cherche quelqu’un, mais je ne sais pas trop, elle est toujours très vague quand elle en parle, mais en tout cas, elle m’impressionne. Je ne sais pas trop ce qui l’a poussée à se prendre d’affection pour quelqu’un comme moi, c’est une question que je me pose parfois. Etre apprécié pour ce qu’on est, pouvoir accepter une main tendue face à l’adversité... tout ça, c’est elle qui me l’a apprit. On n’a passé que quelques jours ensemble, j’ignore pourquoi, mais elle est comme une petite sœur à protéger pour moi.

Mais elle n’a pas eut que de bonnes influences sur moi... oui, son côté manipulateur et voleur a sacrément déteint sur moi, on ne peut pas être tout blanc dans la vie. On faisait des petits boulots en ville, quand les récompenses valaient le coup, et quand il n’y avait rien... deux solutions : soit chaparder à l’ancienne, soit ruser. Et là, les techniques sont  variées. Faut l’admettre, les yeux de chien battu, ça marchait mieux avec elle que pour moi, du coup, j’ai du monter mes propres combines. Je m’étais beaucoup entrainé avec mes illusions, du coup je me suis porté sur les défis : faire parier un maximum de fric au pigeon et rafler la mise. Ca m’a semble compliqué au premier abord, mais je n’avais pas le choix, alors je me suis donné à fond dans l’entrainement. Toujours avoir plusieurs coups d’avance sur sa victime, c’était la règle. Mais franchement, on dira ce qu’on voudra, pour moi, c’était l’éclate. L’excitation du défi, anticiper les actions d’adversaires inconnus, il n’y avait rien qui me motivait plus.

Aujourd’hui, je trace ma route suivant mes propres règles, parcourant le pays de ville en ville et laissant la marque de mon passage dans chacune d’elle. Parfois, j’ai presque l’impression que ma réputation me précède. Je n’ai jamais eu la prétention de vouloir me faire un nom, mais c’est agréable d’être connu. Alors, si nos chemins se croisent, j’espère que nous aurons l’occasion de jouer. Mais je ne perdrais pas !